Après une édition 2024 éclipsée par les Jeux Olympiques, la Japan Expo revient du 3 au 6 juillet à Villepinte. Mais derrière les paillettes du cosplay et les cris des fans, le monde du manga traverse une zone de turbulences. Baisse des ventes, librairies en berne… Pourtant, la passion, elle, ne faiblit pas. Reportage dans un monde où l’imaginaire résiste à la crise.
Sous le signe du Japon





Photos : Japan Expo/ KBSP/DR
Il suffit de franchir les portes du parc des expositions de Paris-Nord Villepinte pour sentir le frisson. Celui des sabres en plastique qui s’entrechoquent, des baskets qui crissent sur le sol, des cris de joie quand un cosplayeur de Demon Slayer passe dans l’allée. La Japan Expo 2025, c’est un peu comme un portail vers un autre monde. Un monde où Tokyo s’invite à Paris, où les rêves dessinés prennent vie, et où les fans, qu’ils aient 12 ou 42 ans, retrouvent leur tribu. Cette année, ils seront près de 250 000 à se presser dans les allées. Quatre jours, 140 000 m², plus de 650 animations. C’est gigantesque, c’est fou, c’est un peu le Comiket à la française. Mais derrière cette effervescence, un constat s’impose : le manga, ce géant de papier, vacille.
Manga, un empire fragilisé
Il y a trois ans encore, les chiffres s’envolaient. Les librairies croulaient sous les cartons de nouveautés, les rayons débordaient de shônen, et les éditeurs multipliaient les tirages. Puis la courbe s’est inversée. Moins de ventes, des fermetures de librairies spécialisées, et une lassitude qui s’installe doucement. Le marché, saturé, semble chercher un second souffle. Mais à Paris Villepinte, on ne veut pas entendre parler de déclin. Ici, on célèbre. On vibre. On espère. Et surtout, on rend hommage.







Photos : Japan Expo/ KBSP/DR
Junji Itô, maître de l’angoisse, roi de la fête
Parmi les invités de prestige, un nom fait frissonner les fans : Junji Itô. Le maître incontesté du manga d’horreur est là, en chair et en os, pour une exposition inédite et un live-drawing qui s’annonce déjà mythique. Voir sa main tracer les spirales de l’effroi en direct, c’est un peu comme assister à un rituel occulte. Le public est suspendu à ses gestes, entre fascination et respect. À ses côtés, l’auteur Oh! Great, invité par Pika pour fêter les 25 ans de la maison d’édition, enchaîne les conférences et les dédicaces. Et Takeshi Koike, le génial réalisateur de Redline, dévoile en avant-première son nouveau film Lupin The IIIRD, La Lignée Immortelle. Un Lupin plus sombre, plus nerveux, plus adulte. Le public en redemande.
Evangelion, Goldorak et la mémoire vivante
Yoko Takahashi, voix emblématique de A Cruel Angel’s Thesis, fait vibrer les murs avec un concert anniversaire pour les 30 ans d’Evangelion. Les fans chantent à pleins poumons, les larmes aux yeux. C’est plus qu’un générique, c’est un morceau de leur adolescence. Et puis il y a Goldorak. Le robot géant de notre enfance revient en majesté avec une exposition hommage à Gô Nagai. Le chanteur Enriqué, costume pailleté et voix de stentor, entonne Goldorak Go! devant une foule en transe. Les plus jeunes découvrent, les plus vieux se souviennent. C’est beau, c’est nostalgique, c’est vivant.








Photos : Japan Expo/ KBSP/DR
Webtoons, K-Pop et nouvelles idoles
La Japan Expo, ce n’est pas que le passé. C’est aussi le futur. Le collectif Disciples (Redice Studio) fait une démonstration autour du phénomène Solo Leveling, preuve que le webtoon a conquis le cœur des lecteurs. Et côté musique, la K-Pop explose avec Psychic Fever, Ballistik Boyz et une toute nouvelle zone dédiée aux Idols : l’Idol Town Paradise. Les cris, les pancartes, les chorégraphies millimétrées… on se croirait à Séoul.
Un monde à part, mais bien réel
Cosplay, gastronomie, arts martiaux, jeux vidéo, concerts, conférences… La Japan Expo est un kaléidoscope. Un monde parallèle où les frontières s’effacent, où les cultures se croisent, où l’imaginaire est roi. Même si le marché du manga traverse une tempête, ici, à Paris Villepinte, le soleil brille encore et le président de la république Emmanuel Macron, est venu en personne inaugurer Japan Expo. Parce que tant qu’il y aura des lecteurs pour frissonner devant une planche de Junji Itô, des enfants pour rêver devant Goldorak, et des ados pour danser sur de la K-Pop, le Japon aura toujours une place dans le cœur des français.













Photos : Japan Expo/ KBSP/DR