Un adieu sans effet d’annonce, sans fracas. Juste une émotion suspendue dans un salon parisien. Pour sa dernière révérence chez Balenciaga, Demna n’a pas crié. Il a chuchoté. Et la mode a écouté.






Photos : Balenciaga/Kbsp/DR
Silence de velours sur l’avenue George V
Le soleil filtrait à peine à travers les rideaux lourds de la maison Balenciaga. Ce n’était pas un matin comme les autres. À peine midi et déjà l’air vibrait d’une attente particulière. Demna disait au revoir. Pas à grands gestes ni en cassant les codes comme à son habitude, mais avec tendresse. Après dix ans d’histoires cousues main, il a préféré parler bas. Et c’est sans doute ce qui a rendu ce défilé inoubliable.
Bande-son murmurée
Pas de musique. Juste des voix. Celles de ses équipes, une à une, prononçant leur propre nom. Une litanie discrète, presque cérémonieuse. On aurait dit des remerciements murmurés entre deux battements de cœur. Et puis le tissu s’est mis à vivre. La première silhouette est apparue. Épaules hautes, taille effacée, allure souveraine. Une entrée sans fanfare. Mais d’une puissance rare.








Photos : Balenciaga/Kbsp/DR
Couture en clair-obscur
Ce défilé avait des airs d’album de famille. Un col Médicis qui flotte comme un souvenir, une fraise renaissance un peu déplacée, comme un détail qui dérange et fascine. Et cet imprimé, improbable, sorti d’un coin de mémoire domestique. Une nappe de grand-mère devenue couture. C’est ça, Demna : du grandiose et du familier. De la haute couture qui n’oublie pas d’où elle vient.
Star system et poésie visuelle
Le casting disait tout. Isabelle Huppert, fantôme chic, glissait en silence. Kim Kardashian, métamorphosée, jouait l’icône d’un autre siècle. Deux imaginaires qui, grâce à Demna, ne s’opposent plus. Ils cohabitent. La force du créateur, c’est de savoir faire parler ces contrastes-là. D’unir, là où l’on attendrait une fracture.








L’homme, silhouette aiguisée
Tailleurs taillés au scalpel, bombers comme sortis d’un film d’espionnage, cravates qui n’en sont plus vraiment. L’homme Balenciaga version finale est dans la tension – entre classicisme piégé et modernité assumée. Mention spéciale à cette sneaker couture, chef-d’œuvre à elle seule. Façonnée à la main, elle relie les rues aux salons, le sport au sacré.
Rideau noir, cœur serré
Quand les lumières se sont éteintes, il y eut ce moment suspendu. Puis les applaudissements, comme une pluie chaude dans un soir d’été. Demna a quitté la scène sans se retourner. C’est la fin d’un chapitre. Pas la fin de l’histoire. Pierpaolo Piccioli écrira la suite. Mais cette marche-là, ce pas feutré et vibrant sur le parquet de Balenciaga, c’était celui d’un créateur disant “merci”, les yeux dans les yeux. Et c’est peut-être ça, au fond, la vraie définition de l’élégance.









Photos : Balenciaga/Kbsp/DR